Seul dans le noir / Paul Auster

August Brill est un vieil homme, maintenant… Après un accident de la route qui le laisse dépendant, il est venu habiter dans le Vermont chez sa fille Miriam, qui héberge également sa propre fille Katya, effondrée à la suite du décès de son fiancé Titus qui s’était engagé dans la guerre d’Irak.

Pour meubler ses insomnies quotidiennes, August, qui était un critique littéraire renommé, élabore un roman qui décrit une guerre civile entre les différents états de son pays, telle la guerre de Sécession, et dans lequel il incarne un personnage à abattre. Le lecteur, la lectrice suit la composition de cette fiction angoissante, une dystopie puisque cela se passe à une période indéterminée mais avant les attentats des tours jumelles et avant la guerre en Irak. Celle-ci s’interpénètre avec les réflexions de Brill ou même des souvenirs personnels… si bien qu’on navigue entre fiction et réalité pendant une moitié du roman.

Les trois personnages (père, fille et petite-fille) sont très unis et se soutiennent mutuellement, car iels sont confrontés à une perte ou un deuil. August avec le décès de son épouse Sonia et son handicap, Miriam qui ne se remet pas de son divorce, datant pourtant d’il y a cinq ans, et la jeune Katya qui se sent responsable, son fiancé s’étant porté volontaire pour l’Irak après une dispute du couple.

Que ce soit dans les souvenirs de chacun·e ou dans la fiction au sein même du roman, la guerre occupe une place capitale où les personnes s’interrogent sur la politique nationale et internationale des Etats-Unis et leur implication dans le devenir de cette nation. Le roman est court mais profond et permet au lecteur, à la lectrice de se positionner sur des thèmes diversifiés (deuil, perte, fin de vie, responsabilité…). Le style est superbe et d’une extrême fluidité. Remarquablement écrit !

(Colette)